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LE MODELE STRUCTURO-MODULAIRE EN TEXTOLOGIE
18 octobre 2015

PHILOLOGIE NUMERIQUE

10644859_10204187343503900_678394693571499451_n

****************************************************************************************« LE DISCOURS CONTEMPORAIN SUR LES AUTOCHTONES DANS LA CYBERPRESSE QUÉBÉCOISE DE 2008 À 2012 : ANALYSE ETHNO-LOGOMÉTRIQUE DES PROCÉDÉS DE DÉNOMINATION ET DE COMPARAISON

****************************************************************************************

Dr. Martin Momha

Laboratoire d’Analyse des Données Textuelles

Université de Moncton

 

Résumé

Cette étude est une archéologie documentaire dont le but est de décrire les formes de représentation des populations autochtones dans la cyberpresse québécoise à travers deux modes d’incarnation identitaire : la dénomination et la comparaison. Ce travail de catalogage se réalise avec le concours de deux logiciels d’analyse des données textuelles : hyperbase et sphinx.

 

Abstract

This study is a documentary archeology whose purpose is to describe the forms of representation of indigenous people in the Quebec cyberpress through two modes of identity incarnation: the nomilization and the comparison. This work of cataloging is done with the help of two software analysis of textual data: hyperbase and sphinx.

 

Mots-clés 

 Autochtones, dénomination, comparaison, ethnométrie, logométrie, hyperbase, sphinx

 

Introduction

Quand on évalue globalement la problématique de la médiatisation des populations autochtones au Canada, trois constats émergent de but en blanc :

 

¨  Les autochtones, dans leur diversité dénominative et leur pluralité tribale, constituent les groupes ethniques de souche au Canada. Voilà pourquoi dans le discours journalistique « politiquement correct » on les appelle commodément les « Premiers Peuples » ou les « Premières Nations ».

 

¨  Cette communauté plurielle disséminée est une « minorité silencieuse » qui vit repliée sur elle-même dans des réserves en perpétuant ses coutumes et ses traditions ancestrales, ceci, parfois, en déphasage avec les standards de vie de la société canadienne moderne. Ce parallélisme est mis en exergue dans certains articles de presse où le Canada est présenté comme une société à deux vitesses et à deux destins.

 

¨  En dehors des circonstances dites « folkloriques », les autochtones font la UNE des médias de souveraineté quand il y a crise majeure, pour être plus explicite, quand ces populations organisent des manifestations  pour la revendication de leurs droits territoriaux ou quand elles initient des blocus contre des firmes industrielles qui exploitent leurs richesses naturelles. Les derniers soulèvements des indiens du Nouveau Brunswick en octobre 2013 contre le « fracturage hydraulique » de leurs terres par des compagnies minières a remis sur orbite un « peuple invisible » que l’on croyait hibernant dans un silence lourd et dans une impassibilité austère. 

 

En marge de tous ces constats, nous avons choisi d’explorer les archives de la presse québécoise des cinq dernières années dans l’optique de cerner  au fil de l’actualité quelques traits caractéristiques de la figure autochtone.

 

La construction de l’identité d’un sujet communautaire est processus politique et socio-ethnologique. Elle consiste à définir un ensemble de déterminations communes à un groupement d’individus. Cependant, lorsque cette représentation est configurée dans un champ discursif, elle devient une posture énonciative (Langhan, 2003)  et logométrique. Et parmi tant de procédés linguistiques de représentation du MOI communautaire, nous limitons cette étude à la dénomination et à la comparaison.

 

 

Définition des concepts

 

 

La dénomination est un procédé qui consiste en la « désignation d’une personne ou d’une chose par un nom qui en exprime l’état, l’espèce, les qualités essentielles » (wiktionnaire). Sur le plan ontologique (Meyer, 1999), la dénomination  permet aux êtres à travers les traits spécifiques de leur personnalité de manifester leur singularité dans la société : « nommer, c’est donner existence à un être au terme d’une double opération : percevoir une différence dans le continuum de l’univers et simultanément rapporter cette différence à une ressemblance » (Charaudeau, 1992, 659-660).

 

En tant que procédé rhétorique proche de la périphrase, de la métaphore, de la métonymie et de l’antonomase, la dénomination est une figure de substitution qui  opère sur des relations de voisinage en remplaçant un mot par une expression le désignant (Fontanier, 1977). C’est aussi une forme de circonlocution qui consiste à apostropher quelqu’un ou à l’interpeller dans une relation énonciative.

 

Sur le plan sémantique, la dénomination est une opération de sens qui est intrinsèque à la qualification, car les concepts utilisés pour nommer peuvent aussi servir à qualifier.  C’est le cas du référent lexical « autochtone-s » qui, dans notre corpus, désigne à la fois un groupe ethnique quand il est employé comme substantif et une qualité propre aux autochtones lorsqu’il est employé comme déterminant (épithète).

 

Une dénomination conférée à une communauté d’individus peut contribuer à  sa valorisation ou à sa marginalisation. Quand des groupes de supporters se font appeler  « hoolygans », ils véhiculent dans cette appellation un concept qui associe le sport, la violence et  le néonazisme. Lorsque les français s’autoproclament « gaulois » (Berstein, 2001) ils mettent en exergue leur identité chevaleresque et conquérante. On peut multiplier de tels exemples à l’infini. Mais ce qui nous intéresse dans cette étude, c’est en priorité les connotations des identités nominatives attribuées aux premiers habitants du Canada et véhiculées dans la presse canadienne d’expression française.

 

En effet, depuis la découverte du Canada par les premiers explorateurs (1534),  les populations de souche qui habitent ce territoire se sont vues affubler d’une multitude de dénominations. Selon certains ethnologues, ces populations «originelles» peuvent se classer en trois groupements : «Premières Nations», «Amérindiens», «Inuits». Nous n’allons pas suivre à la volée cette taxinomie, d’autant plus que la variable «Inuits» est associable à deux paramètres : la circonscription régionale (Grand Nord) et l’autochtonie (premiers habitants). Ce postulat nous amène donc, pour les besoins de l’étude, à reconfigurer les paradigmes ethniques au sein des communautés autochtones.

Cependant, si le concept d’autochtonie traduit fondamentalement une idée de droits du sol, de jouissance et de propriété foncière, dans le contexte canadien, l’autochtonie peut renvoyer à la différence, à l’exclusion, à la violence, à la pauvreté et aux non-droits. Quand on parle d’autochtone dans certains les médias canadiens, le plus souvent, ce sont des stéréotypes et des caricatures spécifiques à ces peuples qu’on souligne en filigrane. Notre étude n’a pas pour but de cataloguer ces clichés, mais plutôt d’explorer minutieusement le corpus afin de dégager les modes de désignation ainsi que les différents référents auxquels on compare discursivement les populations autochtones.

 

État de la question

Si les «Premières Nations» n’ont pas bonne visibilité dans les médias de souveraineté contrôlés par des intérêts non autochtones, c’est l’inverse sur le plan universitaire. En effet, les questions autochtones contemporaines constituent l’un des domaines prioritaires de recherches en sciences humaines. D’après le rapport 2010 du CRSH, les subventions ordinaires accordées au cours des cinq dernières années aux chercheurs qui s’intéressent aux problématiques autochtones ont quasiment triplé. Ceci démontre un réel intérêt national à la recherche sur la question autochtone.

 

Cette politique se traduit aussi au Centre Interuniversitaire d’Etudes et de Recherche Autochtone (CIERA) de l’Université de Laval par l’ouverture de cinq chaires de recherches consacrées explicitement ou implicitement aux questions autochtones contemporaines :

 

  1. Chaire de recherche du canada sur la condition autochtone comparée.
  2. Chaire Louis-Edmond-Hamelin de recherche nordique en sciences sociales
  3. Chaire de recherche du Canada sur la question territoriale autochtone
  4. Chaire de recherche du Canada sur l’identité métisse
  5. Chaire de recherche du Canada sur la diversité juridique et les peuples autochtones

 

Cependant, il se trouve que sur les cinq chaires de recherches énumérées, un aspect de la question demeure encore peu exploré : celui qui concerne l’étude du discours et des représentations véhiculées par les médias sur les populations autochtones. La revue « Recherches Amérindiennes » dirigée par Eric Georges  consacre sous la direction d’Eric Georges un numéro (2012, XLII, N° 1) à description des rapports entre Autochtones et médias. Cependant, cette relation n’est pas fondée sur les représentations, mais plutôt sur la pratique et les attentes. Notre approche se singularise des autres par son ancrage dans un corpus médiatique et l’usage des logiciels spécialisés pour le traitement des ressources textuelles. Elle se situe dans un continuum des travaux réalisés au Laboratoire d’Analyse des Données Textuelles de l’Université de Moncton et présentés aux JADT (Chabot, Kasparian, Desjardins, 2008).

 

Cadre théorique

Le cadre théorique qui sous-tend nos investigations est un interstice combinatoire de trois courants : l’Analyse du Discours, la socio-ethnologie et  l’information documentaire. L’Analyse du Discours  recouvre des entreprises très hétéroclites qui vont des études de la statistique lexicale jusqu’à des théories de sémiotique textuelle » (Caron, 1983).  Son but, selon Maingueneau (1989), est « l’étude d’un regroupement d’énoncés dispersés entretenant entre eux une relation essentielle de filiation et définissant une identité énonciative historiquement circonscriptible ». Ainsi, les formations discursives que nous étudions sont des archives de presse écrite en version numérique, mises en ligne entre 2008 et 2012. Il s’agit donc de l’analyse d’un discours contemporain médiatisé.

La base de notre triangle analytique est l’ethnosociologie en tant « qu’étude comparative et explicative de l'ensemble des caractères sociaux et culturels des groupes humains ou d’ethnies » (Servier, 1986). Et comme cette étude se réalise non sur le terrain mais dans des discours et par les mots, l‘ethnosociologie et la logométrie se combinent pour produire l’ethno-logométrie, car il est question d’explorer un corpus quinquennal de presse afin de dégager les formes de représentation et de représentativité des populations autochtones  à travers une analyse lexicale et thématique de leurs dénominations. Le catalogage des communautés autochtones dans un répertoire contribue conséquemment à leur étiquetage et à leur qualification.

Enfin, le troisième versant de notre cadre théorique est  l’information documentaire dont le procédé d’indexation consiste au repérage et à la localisation des cooccurrences de certains mots significatifs appartenant au corpus.  Avec le développement du « tout numérique », ce processus s’opère à travers des moteurs de recherches et des logiciels d’analyse des données textuelles. Dans le langage documentaire, les mots-clés sont nommés « vedettes-matière ». En référence à notre corpus, la vedette-matière est « autochtone », une « isotopie lexicale » qui regroupe des termes apparentés au terme principal et obtenus par lemmatisation, c’est-à-dire par relèvement des fréquences d’occurrences et des variations du mot « autochtone ». Dans la pratique, notre analyse consiste  à dépouiller le corpus avec sphinx et hyperbase afin  d’étudier  les relations hiérarchiques, les relations d’équivalence, les relations d’association et les relations d’analogie entre la vedette-matière et les mots adjacents ou dérivés.

Le corpus

Notre corpus quinquennal se compose de 418 articles de journaux publiés et mis en ligne entre le 09 juillet 2008 et le 31 décembre 2012. Ces textes ont été présélectionnés sur la base du critère de pertinence. Ils proviennent des archives numériques de cinq éditeurs de presse électronique diffusant sur le réseau cybernétique à partir du Canada (www.lapresse.ca). Pour contraster l’information, nous avons confronté le contenu de ces journaux aux dépêches de l’Agence France Presse (AFP) et des presses associées diffusées en cette même période. Le tableau suivant présente la distribution des articles par journaux et par année :

 

 

JOURNAUX

A2008

A2009

A2010

A2011

A2012

Total

La Presse

11

13

19

23

31

97

Le Droit

5

8

11

11

16

51

Le Quotidien

3

11

16

19

19

68

Le Soleil

6

16

20

24

26

92

Le Nouvelliste

3

9

12

12

13

49

AFP

7

9

10

16

19

61

Total

35

66

88

105

124

418

Tableau 1 : distribution des articles par journal et par année

Lors de la constitution du corpus, nous n’avons pas sérié les données textuelles en fonction de l’origine (éditoriale ou régionale) des articles et encore moins de leurs signataires, car le but de cette étude de catalogage n’est pas de dégager la corrélation entre la politique éditoriale d’un journal et la couverture des activités autochtones. Nous avons plutôt  regroupé les articles dans une seule formation discursive en les subdivisant en cinq pôles chronologiques selon leur année de publication. Cependant, ces balises temporelles sont des articulations d’un seul discours unifié et non des compilations de plusieurs discours distincts. Voilà pourquoi l’hypothèse de la variation ou de l’évolution chronologique des dénominateurs n’est pas pertinente dans cette étude.

Sur le plan statistique, le volume du corpus est de 484951 caractères correspondant à 25307 unités lexicales distinctes. Selon les cinq jalons chronologiques, la distribution des mots  par année se présente comme suit :

Ann

Nb. cit

2008

1623

2009

3821

2010

6018

2011

6005

2012

7480

Total

25307

Tableau 2 : variation chronologique du volume du corpus

Proportionnellement, le volume des cinq subdivisions chronologiques du corpus est illustré par le graphique suivant engendré :

 

Graphique 1 : volume des jalons en pourcentage

Il ressort de ce graphique que la somme des articles sélectionnés en 2008 représente 6,4% du volume total du corpus, tandis en 2012, ce volume s’élève à 31%. Cependant, non seulement ces corpus ont des tailles différentes, mais aussi cette différence est en adéquation avec leur distance intertextuelle comme l’illustre la figure ci-après.

 Figure 1 : représentation radiale de l’analyse arborée (méthode Luong) de la distance lexicale

On remarque illico que le corpus de 2008 est sensiblement proche de celui de 2010, mais très éloigné des autres par son contenu lexical. Par contre, 2011 et 2012 sont des corpus presqu’identiques, tandis que 2009 s’illustre comme une année charnière dans ce système quinquennal.

Par ailleurs, l’écart de volume entre les corpus de 2008 et 2012 ne voudrait pas signifier à priori qu’il y a eu plus d’activités autochtones couvertes par la presse en 2012 qu’en 2008.  Tout simplement, les versions électroniques  des journaux que nous avons ciblés ne sont disponibles en ligne qu’à partir du second semestre de l’année 2008. La moitié de cette année reste non intégrée dans corpus. Cependant, comme nous le verrons plus tard, cette différence de volume n’a aucun impact sur  l’inventaire des formulations de la vedette-matière (autochtone), d’autant plus qu’il n’est pas question dans la présente étude d’une analyse de l’évolution chronologique du lexique, mais plutôt d’un catalogage.

 

Problématique

La question de recherche qui sous-tend nos investigations vise à savoir quelles sont les dénominations génériques et spécifiques que les énonciateurs ou les sujets communicants utilisent dans le discours médiatique contemporain pour nommer les Premières Nations du Canada et quels sont les peuples de conditions similaires avec lesquels ces groupes ethniques sont mis en comparaison dans un rapport implicite ou explicite ?

 

Méthodologie

L’analyse des modalités de dénomination et de comparaison dans notre corpus obéit d’une part procédés de la statistique lexicale  (Lebart, 1994) et d’autre part au protocole de l’approche thématique (Rastier, 1995). Le premier concept opératoire intervient dans la phase heuristique, laquelle consiste au balisage du corpus, au dépouillement,  en l’extraction systématique d’informations et en l’analyse quantitative sur sphinx et  hyperbase des cooccurrences. Dans cette démarche textométrique, le vocable est considéré comme une unité de lexique et le mot comme l’unité du texte. L’analyse thématique qui se veut ethnologique, descriptive, contextuelle et qualitative intervient dans la phase herméneutique lors de l’interprétation des tableaux lexicaux, des graphes représentationnels et des environnements des différents lemmatiseurs. Toute notre activité analytique consiste donc en l’élaboration d’une taxinomie et d’un inventaire des « êtres autochtones » à travers un classement qui organise et présente ces référents comme « des regroupements en constellations autour de noyaux qui en constituent le point de référence ». (Charaudeau, 1992-660).

 

Plan de l’étude

Notre analyse se développe en deux parties. Dans la première, nous observerons les manifestations textuelles de trois modes de dénomination des populations autochtones et dans la deuxième partie, nous étudierons les procédés de comparaison logique et figurative de ces communautés aux êtres proches et lointains qui peuplent l’univers qui les entoure ou font partie de la cosmogonie universelle.

 

 

I/ LA DÉNOMINATION

La dénomination est un terme qui englobe les différents modes de désignation, d’appellation ou d’interpellation d’un être. On peut désigner quelqu’un par son nom, son titre, sa race, sa fonction, son ethnie ou à travers des procédés rhétoriques tels que  la périphrase, la circonlocution, la mise en apposition ou des marqueurs grammaticaux à l’instant des pronoms personnels. Dans le corpus qui fait l’objet de notre analyse, les populations autochtones sont représentées nommément selon trois modalités : les dénominations génériques, les dénominations spécifiques et les dénominations énonciatives. Cette dernière  dépend de l’orientation du discours et de la nature des énonciateurs.

 

I-1. Les dénominations génériques

L’exploration du dictionnaire de notre corpus dans la phase heuristique nous a permis d’élaborer un catalogue de mots utilisés par des énonciateurs pour désigner ou qualifier les populations autochtones. Ces vocables et leurs valeurs sont répertoriés dans le tableau lexical ci-après.

 

 

Tableau 3 : tableau lexical des dénominateurs génériques

 

Ces lemmatiseurs peuvent être regroupés en huit catégories : Autochtones, Amérindiens, Premiers Peuples, Premières Nations, Indiens, Indigènes, Aborigènes et Sauvages. Nous appellerons chacune de ces catégories « dénominateur générique ». Le croisement des variables génériques et chronologiques engendre le tableau des contingences suivant :

 

Tableau 4 : Table des contingences, regroupements_dénomitateurs_génériques

 

L’analyse des cooccurrences dans le tableau des contingences nous amène à dégager deux constats : la gradation des fréquences d’occurrences sur l’axe quinquennal et la domination du lemme « autochtone-s ». Ces deux facteurs se justifient d’une part par la disproportion dans la distribution des articles par année (tableau 1) et la variation du volume lexical des jalons (tableau 2), et d’autre part, par l’archi-focalisation du discours sur une hyper-désignation qui devient statutairement le dénominateur des dénominations : « autochtones ».

La projection du croisement des variables génériques et des valeurs numériques sur une carte factorielle permet de visualiser la répartition chronologique de l’information sur les deux axes :

Figure 2 : AFC des dénominateurs génériques

Le premier axe qui cumule plus de 54% d’informations compare les dénominateurs les plus utilisés en 2010 (Sauvages, Indiens, Premiers Peuples) à ceux de 2008 (Indigènes, Aborigènes). Le deuxième axe qui considère un peu plus de 40% de la variance rapproche les années 2012  et 2011. Il se caractérise par la prédominance de deux dénominateurs : Amérindiens dans le premier groupe et  Premières Nations dans le second groupe. Le dénominateur central qui se situe entre les deux axes est Autochtones

Une analyse sur sphinx de la répartition des cooccurrences de ces huit regroupements nous donne le graphique suivant :

 

Graphique 2 : représentations_dénomitateurs_génériques

Il ressort de ce graphique que les dénominateurs génériques sont diversement et inégalement employés dans le corpus. La préférence est accordée à Autochtones (49%), suivie de Premières Nations (27%), Indiens  (08%), Premiers Peuples (08%), Amérindiens (05%), Aborigènes (01%), Indigènes (01%) et Sauvages (01%). L’analyse qualitative de l’environnement thématique de ces formes lemmatisées permet de déterminer  leurs contextes d’énonciation et leurs valeurs suggestives.

 

I-1.1. Les autochtones

C’est la dénomination la plus utilisée pour nommer, identifier ou représenter les populations de souche du Canada ou les premiers habitants du continent américain. Dans le corpus, cette dénomination est corrélée à six variables fondamentaux : « droits », « peuples », « communautés », « populations », « nations », « affaires ». Le graphe représentationnel suivant illustre bien l’environnement thématique de ce lemme principal :

 

Figure 3 : Environnement_ Autochtones

Il se dégage de ce graphe simplifié qu’« autochtone-s » est un déterminant qui joue dans le discours le rôle de « qualificateur ». Il centralise le discours autour de six thématiques fondamentales associées :

1

Peuples

 

 

autochtones

2

Droits

3

Nations

4

Populations

5

Communautés

6

Affaires

 

Ces six thèmes se classent en trois dossiers préoccupants : la politique (affaires), la justice (droits) et la société (nations, communautés, populations).

Au centre de la dénomination « autochtone-s », se développe un concept philosophique qu’on appellerait « autochtonie », concept qui se définit comme « une manière d’être, de faire, de vivre et d’appréhender le monde par les communautés autochtones ». L’autochtonie implique une reconnaissance des droits territoriaux ou fonciers dévolus naturellement à des peuples primitifs, car «la terre appartient aux premiers occupants».

 

I-1.2. Les indigènes

La dénomination  « indigène » est mise en abyme dans le corpus dans un contexte énonciatif où il est question de dévaloriser ou de jeter le discrédit sur les populations autochtones qui ne possèdent aucun savoir-faire  ou aucune compétence à faire valoir dans la société moderne. Dans le verbatim qui suit, l’énonciateur fait de l’indigénisme (en tant que défaillance de qualifications) un argument pragmatique qui justifie l’immigration massive des asiatiques au Canada :

Les populations INDIGÈNES ayant de graves retards en matière d’instruction et de compétences techniques, l’effet final (bien que probablement involontaire), a été le suivant : des millions d’immigrants chinois qui, eux, avaient les compétences recherchées, ont été attirés par cette prospérité, sont venus accaparer les nouveaux emplois de bonnes conditions

_______________________t2008 Page 22 c_______________________________

 

I-1.3. Les Premières Nations

Cette dénomination accorde une certaine souveraineté et un ordre de préséance aux populations de souche qui s’en prévalent et qui devraient en jouir. Elles sont donc considérées comme des pierres d’angle de la fondation sur laquelle les autres nations canadiennes sont arrimées.

Néanmoins, les PREMIÈRES NATIONS demeurent présentes et incontournables dans la construction du Québec d’aujourd’hui et de demain, et ce, en dépit des mesures inéquitables prônées par des politiques provinciales et fédérales au cours des quatre siècles derniers.

_______________________t2008 Page 28 a_______________________________

I-1.4. Les Premiers Peuples

À l’instar de Premières Nations, Premiers Peuples est une dénomination qui traduit une primitivité ontologique. Loin d’être un avantage, cette incarnation suscite plutôt du racisme et des préjugés.

Raciste, caricature dégradante…  ce qui dérange dans votre message, c’est le renforcement des préjugés à l’égard des PREMIERS PEUPLES : Ces indigènes primitifs incarnés en « guerriers Eseka » aux allures de « nonos », prêts à tuer pour protéger la « pureté » de l’eau depuis 8000 ans…

_______________________t20011 Page 1618 d_______________________________

 

 

I-1.5. Les Amérindiens

Cette catégorie générique ne désigne pas seulement les autochtones du Canada, mais globalement les premiers habitants du continent américain. Partout où ils se trouvent, leur quotidien est fait de protestations, de revendications et de confrontations violentes avec les forces de l’ordre :

Sur un blocus routier, d’AMERINDIENS protestant contre la surexploitation de l’Amazonie, une intervention de police avait dérapé en affrontements, faisant 34 morts dont 24 policiers…

_______________________t2009 Page 507c_______________________________

 

I-1.6. Les Indiens

On parle d’eux dans les médias pour dénoncer les traitements humiliants qu’ils ont subis dans les pensionnats et les mesures assimilationnistes, discriminatoires et ethnocides dont ils ont été des victimes expiatoires.

Les pensionnaires de ce système rigide – instauré par la Loi sur les INDIENS, n’avaient pas le droit de s’exprimer dans leur langue maternelle

_______________________t2008 Page 114b_______________________________

 

I-1.7. Les Aborigènes

Ce sont des peuples primaires assujettis aux mêmes normes rétrogrades et humiliantes que les autochtones. Leur évocation dans le corpus met en exergue leurs conditions de vie précaire, leur marginalisation sociale et leur combat pour la défense de leurs droits ancestraux et patrimoniaux.

Rappelons que les populations ABORIGÈNES réclament de pouvoir récupérer «leurs droits ancestraux sur les terres», la FAO souligne qu’elles figurent également «parmi les peuples les plus marginalisés et présentent des niveaux de vulnérabilité et de pauvreté plus élevés que d’autres groupes de populations en Afrique, Asie et Amérique latine».

_______________________t2008 Page 19b_______________________________

 

I-1.8. Les Sauvages

Ce terme humiliant et dégradant est tantôt un adjectif qualificatif tantôt un substantif. Il nous renvoie au degré zéro du développement de l’humanité, c’est à dire dans un temps immémorial ou  l’homme et l’animal vivaient dans la nature. L’utilisation de ce terme au 21ème siècle pour qualifier des êtres humains est non seulement une insulte condamnable, mais aussi une subversion du langage. Même si ce lemme est utilisé dans le corpus à des proportions négligeables par rapport aux autres, il a une valeur suggestive qui exprime le dualisme d’une nation dont les composantes sociologiques fonctionnent en opposition de phase, l’infériorisation d’un groupe ethnique de souche,  le conditionnement juridique d’un peuple et son assimilation forcée. Ces quatre aspects sont illustrés dans le verbatim ci-après :

Quand on parle du Canada, du parfait Canada de la diversité, il faut bien comprendre aussi ce dualisme sacré des civilisés et des SAUVAGES évoluant à des rythmes diamétralement opposés.

_______________________t2011 Page 2081b_______________________________

La loi canadienne sur les SAUVAGES faisait des autochtones des « êtres mineurs », leur interdisant d’être propriétaires ou de boire de l’alcool sous peine d’emprisonnement et ne leur permettait d’échapper à ce statut qu’en renonçant officiellement à leur culture et leur patrimoine.

_______________________t2012 Page 2362b_______________________________

En 1978, l’Acte des SAUVAGES du Canada est devenu la Loi sur les Indiens

_______________________t2012 Page 2505b_______________________________

Les pensionnats autochtones, projet officiel du gouvernement pour assimiler les jeunes païens SAUVAGES

_______________________t2012 Page 2806a_______________________________

 

En marge de ces huit dénominations, on peut aussi retrouver dans le corpus des qualificatifs d’une seule occurrence comme « barbares », qui expriment la pétulance et la violence des peuples autochtones et des substantifs comme « espèces » qui intègrent les populations autochtones dans le paradigme des espèces biologiques (animales et végétales) en voie de disparition dans un écosystème mondialisé.  Cependant, même si tous les autochtones sont soumis aux mêmes conditions de vie et aux mêmes traitements selon la Loi sur les Indiens, leur sort varie en fonction de la tribu à laquelle ils appartiennent et des dividendes qu’ils perçoivent des industriels désirant exploiter les richesses naturelles de leurs immenses territoires. Ce qui justifie le fait que certaines ethnies spécifiques de ce « Peuple Invisible » (Desjardin, 2009) soient mis au-devant de la scène médiatique par rapport à d’autres.

 

I-2. Les dénominations spécifiques

Nous entendons par «dénominations spécifiques» les modes de nominalisation  des différentes tribus d’autochtones répertoriées dans L’Encyclopédie Canadienne. Une exploration complète à travers sphinx du corpus et un recensement systématique des mots et dérivés de mots qui dénotent les ethnies autochtones permet d’élaborer le répertoire suivant : 

 

Tableau 4 : table lexicale, dénominateurs spécifiques

Le regroupement par lemmatisation de ces variables en catégories a permis de circonscrire et de dénombrer 14 tribus évoquées dans le corpus : Inuit, Mohawk, Huron, Cris, Attikamekw, Attawapiskat, Métis, Algonquin, Wemotaci, Abénaki, Micmac, Mapuche, Odjibwé, etc. La table distribution qui suit  dévoile comment les différentes catégories sont réparties dans les cinq jalons chronologiques.

 

Tableau 5 : table de distribution des_dénomitateurs_spécifiques

 

L’analyse de cette table de distribution sur sphinx génère la carte factorielle simplifiée suivante :

 

Figure 4 : AFC dénominateurs_spécifiques

 

L’axe (1) qui rassemble 56,67% d’informations compare les ethnies les plus évoquées en 2009 (Micmas, Attikamek,) à celles qui sont mises en perspective en 2010 (Métis, Abénaki, Mohawk, Mapuche). L’axe (2) dont la variance est de 21,41% compare également les communautés autochtones dont on parle dans la presse en 2008 (Autres) à celles de  2011 (Huron, Attawapiskat). Par contre, l’année 2012 est une année charnière dont les informations oscillent entre le premier axe (Algonquin, Wemotaci, Odjibwe) et le second axe (Inuit, Cris).

 L’analyse diachronique de la distribution dévoile une certaine gradation de valeurs au flux des années. Cette progression chronologique est due d’une part à la différence de volume entre les 5 jalons et d’autre part à l’intensification et à l’accroissement des informations au cours des années 2011 et 2012, années de grandes négociations entre le gouvernement québécois, les firmes industrielles et les chefs autochtones. Le graphique ci-après illustre proportionnellement les pôles de focalisation ethnique de l’actualité autochtone :

 

 

Graphique 3 : évaluation proportionnelle des dénominations spécifiques

Nous n’allons pas faire une revue de toutes ces tribus. Nous ne nous intéresserons qu’aux groupes ethniques les plus récurrents (≥200 occurrences) dans l’univers du discours, à savoir : les Inuits, les Mohawks, les Hurons, les Cris et les Attikameks. Qui sont-ils ? Où vivent-ils et pourquoi sont-ils les plus interpellés dans la presse ? L’analyse d’un échantillon du contexte pour chaque catégorie nous permettra de cerner les mobiles de leur citation ou de leur évocation.

 

I-2.1. Les Inuits 

Ce sont des autochtones de l’arctique canadien. Ils parlent une seule langue (l’inuktitut ou esquimau-aléoute). Au cours des cinq dernières années, cette tribu a été mise au-devant de la scène médiatique à cause du Plan Nord du gouvernement québécois.

A nos concitoyens, Premières Nations et INUITS, je réitère aujourd’hui que rien, dans le Plan Nord, ne remettra en question ce qui a été conclu, ce qui est en négociation ou en pourparler.

_______________________t2009  Page 242b_______________________________

I-2.2. Les Mohawks

Cette tribu vit à l’est, sur les rives de la rivière éponyme. Comme tous les peuples autochtones, les Mohawks déshérités, luttent pour la préservation de leurs terres arrachées ou spoliées par des exploitants industriels.

Les MOHAWKS sont préoccupés par la sécurité, leurs droits et par des questions de responsabilités fiduciaire (…) Or les MOKAWKS affirment avoir des droits sur ces terres en vertu de traités autochtones

_______________________t2009  Page 469a_______________________________

 

I-2.3. Les Hurons

Ils forment une confédération de cinq tribus localisables dans l’Ontario, le Centre et le Nord du Québec. Les membres de la tribu appellent leurs terres traditionnelles Wendake. Le problème foncier constitue le centre de gravité de leurs principales préoccupations.

Les HURONS – Wendat reprochent au gouvernement fédéral d’avoir signé une entente avec les communautés innues qui couvrent une partie importante du territoire traditionnel de la Nation huronne – wendat et ce, sans l’avoir préalablement consultée et accommodée» et d’ «avoir ignoré sa relation de traité avec la nation huronne- wendat et ne lui avoir donné aucune indication à savoir qu’il était disposé à accommoder les intérêts de la Nation sur son territoire traditionnel, avant de négocier et conclure l’entente de principe avec les Innus»

_______________________t2011 Page 1633a_______________________________

I-2.4. Les Cris

Cette tribu  occupe  un territoire qui s’étend de l’Alberta au Québec, ce qui représente la plus vaste répartition géographique autochtone du Canada. Comme les Inuits, les Cris sont des témoins passifs de la mise en place du Plan Grand Nord sur leurs territoires. D’où leur indignation

C’est inacceptable que le gouvernement se contente de venir nous présenter le Plan Nord sans nous avoir impliqué dans le processus de développement, affirme Roméo Saganash, directeur des relations avec le Québec au Grand Conseil des CRIS.

_______________________t2009 Page 339d_______________________________

I-2.4. Les Attikameks

Ces populations vivent en amont de la rivière Saint-Maurice. Leur quotidien est pareil à celui de toutes les communautés autochtones. Leurs soucis constants c’est la circonscription de leurs territoires ancestraux et la préservation de leurs patrimoines :

La carte dessinée sur une peau d’orignal que les Chefs ont dévoilée hier, indique un territoire où vivent quelques cinq millions de personnes mais il empiète sur le territoire des Mohawks, des Abénakis et des ATTIKAMEKS, tout en frôlant de près celui des Ojibways, des Innus (montagnais) et des Cris.

_______________________t2010 Page 792c_______________________________

Un constat majeur émerge lorsqu’on fait une analyse thématique de l’information consacrée à ces différents groupes autochtones : tous sont empêtrés dans des conflits fonciers et des rivalités intertribales. Ces groupes tribaux sont parfois désignés dans le discours journalistique par leur lieu d’habitation : c’est le cas de « Wendat », identité spatiale et culturelle commune à tous les « Hurons ». Cependant, qu’ils soient des « Inuits » ou des « Algonquins » dont les cinéastes Richard Desjardins et Robert Monderie  dépeignent dans leur film (Le Peuple invisible, 2007, 93 min), l’interpellation ou l’évocation des autochtones dépend du statut des sujets communicants et de leur degré d’implication dans l’énonciation.

 

I-3. Les dénominations interlocutives

L’interlocution consiste à désigner des êtres à travers l’usage de marqueurs grammaticaux que Charaudeau (1992, 122) appelle les « personnes de l’interlocution». Ce sont des catégories conceptuelles qui jouent dans l’acte de la communication des fonctions de substitution. Elles permettent entre autres de distinguer la personne qui parle(le locuteur), la personne à qui l’on parle (l’interlocuteur) et la personne dont on parle (tiers). Ces trois personnes donnent lieu à trois types de discours :

 

I-3.1. Le discours élocutif : Quand le sujet communicant est un représentant d’une communauté autochtone (énonciateur pluriel). Ce mode d’énonciation se traduit par l’usage dans le discours les marques grammaticales suivantes : nous, notre, nôtre, nos ...

NOUS, Chefs des premières Nations du Québec, NOUS souhaitons nous adresser aujourd’hui à la population du Québec au sujet des problèmes que nous ayons eu à subir depuis le triste épisode des «pensionnats indiens».

_______________________t2008  Page 3a_______________________________

 

I-3.2. Le discours allocutif : Quand d’autres sujets communicants s’adressent aux autochtones en tant qu’interlocuteurs ou destinataires. Les marques formelles de cette énonciation sont des grammèmes suivants : vous, votre, le vôtre, vos..

Les Métis, particulièrement actifs depuis un an devant les tribunaux, seront les premiers à faire sentir leur présence qui, encore là, VOUS pouvez en être sûrs, comportera une grande part de mécontentement, voire de colère à en juger par leur ardeur à protéger ce qu’ils affirment être, pour eux aussi, des «droits territoriaux».

_______________________t2009 Page 301a_______________________________

 

I-3.3. Discours délocutif : Lorsque les autochtones sont impliqués ou évoqués dans l’acte du langage en tant que des tiers. Les morphèmes qui régissent cette modalité énonciative sont : ils, elles, eux, leur, leurs, ceux-ci, ceux-là, etc.

Les populations autochtones font face à une discrimination profonde, à une marginalisation historique ainsi qu’à des politiques abusives qui sont le triste résultat d’une violation systématique de LEURS droits fondamentaux.

_______________________t2008 Page 26b_______________________________

 

Le tableau des cooccurrences élaboré sur sphinx nous donne une vue globale de la performance statistique de ces trois modalités énonciatives.

 

Tableau 6 : table de distribution des modalités énonciatives

L’observation de ce tableau nous amène à dégager deux constats : la gradation des valeurs sur l’axe du temps et l’archidomination de la modalité délocutive sur l’axe des variables. Le graphique suivant  présente une vue synchronique du croisement de ces deux paramètres :

 

Graphique 4 : évaluation proportionnelle des dénominateurs interlocutifs

On en déduit logiquement en référence aux données textuelles que le discours sur les autochtones dans la presse canadienne d’expression française est un discours à dominance délocutive.

Cependant, certaines dénominations « autochtones », quand bien même elles sont classables dans des paradigmes génériques, spécifiques ou énonciatifs, n’ont de valeur suggestive qu’en comparaison avec d’autres dénominations implicites ou explicites appartenant à d’autres univers culturels. L’étude des procédés de comparaison contribue à mieux appréhender les mécanismes d’analogie ou de transposition qui les sous-tendent.

 

II - LA COMPARAISON

La comparaison est le terme d’un processus qui consiste à confronter les qualités, les quantités ou des comportements d’au moins deux êtres, entre eux, et à conclure sur les ressemblances ou dissemblances de ces qualités, quantités et comportements. En rhétorique, la comparaison est une figure de discours qui  instaure entre des êtres un rapport de similitude implicite ou explicite. Cette similitude peut se présenter  sous forme d’une analogie, d’une allusion,  d’une transposition, d’une métaphore ou d’une équation binaire (x / y). Dans la grammaire du sens et de l’expression, Charaudeau (1991) en distingue 4 modalités : la graduée, la globale, la proportionnelle et l’évaluative.

Dans notre approche logico-mathématique, la comparaison est le résultat  d’un raisonnement. Elle se caractérise sur le plan structural par sa binarité. En d’autres termes,  elle suppose forcément l’existence de deux éléments dont l’un est le comparant et l’autre le comparé.  Par hypothèse nous allons considérer l’Autochtone comme le comparé et notre étude consistera à retrouver dans le corpus les pôles de référence à travers une analyse lexicométrique et contextuelle des marqueurs grammaticaux de correspondances.

 

II-1. Les comparateurs et les rapports de correspondance logique

Pour étudier systématiquement les processus logiques de comparaison, nous avons élaboré une taxinomie qui permet de spécifier  divers rapports entre le comparant et le comparé.

1/ L’égalité (X = Y) : rapport d’équivalence ou d’analogie entre le comparant (X) et le comparé (Y).

2/L’infériorité (X  < Y) : intensité basse dans le rapport hiérarchique entre le comparant (X) et le comparé (Y).

3/Supériorité (X > Y) : intensité haute dans le rapport hiérarchique entre le comparant (X) et le comparé (Y).

4/ La différence (X≠Y) rapport d’opposition ou de contraste entre le comparant (X) et le comparé (Y).

5/ l’implication (X→ Y) : rapport causal entre le comparant (X) et le comparé (Y).

6/ L’intersection (X  ∩ Y) : rapport d’intermédiarité entre le comparant (X) et le comparé (Y).

7/ Le rapprochement (X ~ Y ) : rapport d’approximation ou de transposition entre le comparant (X)  et le comparé (Y).

8/ Le partenariat (X U Y) : rapport de conciliation entre le comparant (X) et le comparé (Y).

9/ Le parallélisme (X II Y): rapport d’alternance entre le comparé (X) et le comparant (Y)

10/ Le regroupement (X/Y): rapport de singularisation ou de globalisation entre le comparant (X) et le comparé (Y)

 

Le tableau suivant visualise les 10 typologies de correspondances ainsi que les comparateurs qui les régissent :

 

 

 

 

Formule

Rapport

Comparateurs

X = y

Égalité

Aussi, pareil, tel, comme, semblable à, comparable à, conformément à, autant, de même que, autant que, manière, façon, semblable, identique, égal, également, a l’instar de…

X  < Y

Infériorité

Moins que, inférieur à, réduire, en dessous de/au-dessous de, plus bas, ralentissement, diminution, dégradation, moins élevé, pire que,  bas, en chute, baisse, en régression, faible

X > Y

Supériorité

Supérieur à, plus que, au-dessus de, au-delà de, plus haut, plus  élevé, recrudescence, meilleur que, croissance, accélération, augmentation, amélioration, accroissement, fort

X≠Y

Différence

Contre, confrontation, division, rupture, contraire à, contrairement à, contradictoire à, paradoxalement, en opposition, opposé, conflictuel, conflit, en rivalité avec, différent, distinct, non plus

X    Y

Implication

Cause, conséquence, Donc, entraîne, conduit à, a pour conséquence, serait la cause de,  à l’origine de, entrainer, provoquer, produire, déclencher, se transformer en,  devenir, paraître, entraîne,

X  ∩ Y

Intersection

Intervalle, jonction, entre, l’un et/ l’autre,  ni l’un ni l’autre, non plus, soit, parmi

 

X ~ Y

Rapprochement

Tendre vers, considérer, menant vers, orienté vers, Relatif, Presque, paraître, proche de, sensiblement, environ

 

X U Y

Partenariat

Rencontre avec, conciliation avec, réconciliation avec, négociation, collaboration, dialogue, partenariat, entente,

X II Y

Parallélisme

parallèlement à, ou, par rapport à,  adapté à, reproduire, plutôt, ailleurs, de sorte que, certains, ceux-ci, quant à, alternance, transposition

X /Y

Regroupement

Général, particulier, générique, spécifique, Chaque, chacun, seuls les, seulement les… tous les, ensemble

 

La mise en contribution de sphinx permet de dégager systématiquement  la distribution de toutes ces valeurs dans un tableau d’effectifs.

 

Tableau 6 : table de distribution des comparateurs logiques

Les informations contenues dans cette table des contingences sont reparties comme suit dans la carte factorielle ci-après :

 

Figure 5 : AFC comparateurs logiques

Comme dans les précédents tableaux, la gradation est remarquable sur l’axe des ordonnées (axe chronologique). Par contre, sur l’axe des valeurs (axe des abscisses), ce sont des morphèmes exprimant une égalité qui prédominent relativement comme l’illustre en image le graphique conséquent :

 

Graphique 5 : évaluation proportionnelle des comparaisons logiques

Ces dix modalités de correspondance ou de comparaison se déploient dans le corpus dans des contextes d’énonciation différents. En guise d’illustration de leurs manifestations, nous analyserons un comparateur de chaque catégorie dans son environnement discursif.

 

II-1.1. L’égalité

Le premier ministre les accuse de dépendre les autochtones COMME des «alcooliques» et les «toxicomanes».

_______________________t2011  Page 1840 a_______________________________

Dans cette séquence, les autochtones sont comparés aux alcooliques et aux toxicomanes. Le but de cette image est de mettre à nue à tort ou à raison selon le contexte discursif l’irresponsabilité et la dépendance de ce groupe d’individus. Ce stéréotype a pour effet de dépeindre le personnage autochtone comme un cas social.

II-1.2/3. L’infériorité/supériorité

Ce quartier, habité par 30% d’autochtones et plus de 20% d’immigrants d’origine chinoise, est LE PLUS pauvre au Canada avec 80% de ménages dont les revenus se situent EN DESSOUS du seuil de pauvreté.

_______________________t2008  Page 45c_______________________________

Ici dans cette illustration, c’est le degré de pauvreté des autochtones qui est mis en exergue. Il se traduit par l’usage d’un superlatif (le plus pauvre) ou d’un baromètre (en dessous du seuil). Le comparant ici (référence) c’est le niveau de vie moyen au Canada et le comparé c’est la communauté autochtone.

II-1.4. La Différence

Selon lui, la DIFFÉRENCE est encore énorme entre le financement accordé aux écoles sur les réserves et celles à l’extérieur

_______________________t2012  Page 2435 c_______________________________

La différence est un indicateur discriminatoire qui traduit une inéquitabilité ou une inégalité du traitement. Dans la portion de texte que nous avons choisie, le comparant c’est le financement accordé aux écoles canadiennes et le comparé c’est le financement alloué aux écoles des réserves autochtones. La différence marque un décalage ou un écart entre les privilèges ou les priorités accordées aux deux communautés en matière de scolarisation.

II-1.5. L’implication

Car là où se trouve le principal établissement d’hébergement pour Inuits, à l’ouest de Notre-Dame-de-Grâce, certains patients ont été ENTRAÎNÉS dans la drogue et la criminalité À CAUSE des gangs de rue.

_______________________t2010  Page 851a_______________________________

Ce mode de comparaison fonctionne selon le principe de cause  en amont et de conséquence en aval. Selon la logique de cette assertion, les Inuits seraient devenus des criminels et toxicomanes (conséquence) à cause des gangs de rue (causalité).

II-1.6 L’intersection/disjonction

Nous ne sommes NI québécois NI canadiens, pourquoi voterions-nous ?

_______________________t2010  Page 851a_______________________________

Cette intersection qui est un ensemble vide est une double disjonction qui exprime une double exclusion. En effet, les autochtones seraient dans le vaste  territoire canadien des nations entièrement à part.

II-1.7. Le Rapprochement

«Ce n’est pas un hasard si la tuberculose frappe davantage les communautés du Grand Nord : certains autochtones vivent dans des conditions similaires PROCHES DE celles du tiers monde» ,  déplore Camil Bouchard, ex-député du Parti Québécois

_______________________t2012  Page 2478a_______________________________

A l’époque, cette proposition d’entente avait soulevé le mécontentement dans plusieurs villages situés PRÈS DE trois communautés autochtones.

_______________________t2009  Page 285 d_______________________________

Ce mode de comparaison exprime la proximité entre le comparant (plusieurs villages) et le comparé (trois communautés autochtones). Dans la citation connexe, le comparé est le Grand Nord et le comparant est le tiers monde.

II-1.8. Le Partenariat

Les chefs Attikamekws étaient toujours à la table de NÉGOCIATION avec Québec, hier soir vers 22h30. La question des redevances sur l’exploitation de la forêt était au cœur des discussions.

_______________________t2012  Page 2385 c_______________________________

Dans le partenariat, la comparaison ne fonctionne pas selon le principe du vis-à-vis, mais celui de l’entente entre deux parties distinctes qui associent leurs différences dans le but de trouver un compromis. Nous avons d’un côté les chefs autochtones et de l’autre le gouvernement du Québec. Ce qui est comparé ici c’est les arguments ou les propositions des uns et des autres sur la question des redevances sur l’exploitation de la forêt.

II-1.9. Le Parallélisme

Le dernier discours du trône en Saskatchewan a consacré 2010 **année des Métis**, en lien avec la grande commémoration qui se mettra en branle cet été qui nous fera revivre la rébellion ultime de ce peuple fondateur, PARRALLÈLEMENT au conflit qui mettait aux prises AU MÊME MOMENT les Indiens Cris et les Habits rouges.

_______________________t2010  Page 795 c_______________________________

Ce modèle de comparaison exprime la concomitance. Deux actions ou deux évènements relatifs aux communautés autochtones se déroulent au même moment : la commémoration de l’année des Métis et le conflit entre les Indiens Cris et les Habits rouges. Ici, il n y a ni comparant, ni comparé, mais juste une simultanéité.

II-1.10. Le regroupement

Selon un récent rapport de l’ancienne vérificatrice Sheila Fraser, l’écart relatif en matière de scolarité entre Premières Nations vivant dans les réserves et la population EN GÉNÉRAL, s’est creusé au cours des dernières années.

_______________________t2011  Page 1948 c_______________________________

Cette modalité exprime l’intermédiarité entre l’absolu et le relatif dans une échelle de comparaison. Dans le verbatim, l’écart en matière de scolarité entre le comparant (populations canadiennes) et le comparé (Premières Nations) n’est pas évaluée en termes spécifiques, mais plutôt dans la globalité. Le regroupement est donc une comparaison globale dans ce cas spécial ou singulière dans d’autres situations potentielles.

On retient de ce qui précède que les comparateurs logiques introduisent des situations binaires mettant aux prises deux agents : le comparant et le comparé. Les régulateurs de ces comparaisons sont des morphèmes grammaticaux ou des mots-outils portant dans leur sémantèse le sens de l’analogie ou de la transposition. Cependant, toutes les comparaisons ne sont pas des faits logiques régulés par des grammèmes. D’autres se présentent sous formes d’images. Nous les appellerons des comparaisons figuratives.

 

II-2. Les comparaisons figuratives

Les dénominations figuratives sont des référents imagés que les sujets communicants utilisent par transposition ou par contextualisation pour représenter les populations autochtones. Ces images établissent une analogie entre les communautés autochtones du Canada  et d’autres peuples de conditions similaires. Dans le corpus, il est difficile d’en faire une évaluation quantitative, compte tenu de leurs manifestations discursives informelles. Cependant, l’exploration du contenu discursif permet de distinguer 7 grands schèmes d’équivalences :

II-2.1. Grand Nord Québécois / Amazonie

L’Aidesep estime que l’Etat veut avoir les mains libres pour continuer d’octroyer des concessions minières et pétrolières en AMAZONIE, et veut faire dire explicitement à la Loi que les Indiens n’ont, au final, pas droit de veto sur un projet d’investissement.

_______________________t2009 Page 301a_______________________________

Dans cet extrait, le Grand Nord québécois est comparé à l’Amazonie. Les populations autochtones qui habitent ces deux territoires (les Indiens) sont soumises aux mêmes lois discriminatoires et à l’exploitation abusive de leur patrimoine foncier par des compagnies minières accréditées par des gouvernements fédéraux du Pérou et du Canada.

II-2.2. Grand Nord Québécois / Tiers Monde

Ce n’est pas un hasard si la tuberculose frappe davantage les communautés du GRAND NORD : «certains autochtones vivent dans des conditions similaires PROCHES DE celles du TIERS MONDE» ,  déplore Camil Bouchard, ex-député du Parti Québécois

_______________________t2012  Page 2478a_______________________________

Le Canada est l’un des pays les plus riches et les plus industrialisés du monde. Cependant, une fraction de sa population (et plus précisément les communautés autochtones) vit dans la misère, la promiscuité et l’insalubrité, conditions qui sont propres aux pays pauvres ou du tiers monde.

 

II-2.3. Réserves autochtones/ camps de réfugiés somaliens

Les conditions de vie sur cette RÉSERVE sont plutôt caractéristiques des CAMPS DE RÉFUGIÉS de la Somalie africaine, sinon d’un de ces villages récemment pulvérisés par l’aviation en Libye.

_______________________t2011 Page 2077c_______________________________

La structure des réserves et les conditions de vie précaires de leurs habitants (les autochtones) laissent croire aux observateurs des similitudes avec des camps de réfugiés en Afrique.  Comme pour signifier que les autochtones du Canada sont des réfugiés dans leur propre pays.

II-2.4. Autochtones du Canada/ Aborigènes d’Australie

La mise sous tutelle forcée des communautés aborigènes en AUSTRALIE en 2007 est un exemple probant de cette attitude autoritaire qui inspire sans doute les conservateurs CANADIENS (à noter que HARPER a déjà lu un discours littéralement copié sur HOWARD, le premier ministre australien de l’époque)

_______________________t2012 Page 2910c_______________________________

Les mauvais  traitements accordés aux aborigènes d’Australie par leur Premier Ministre sont semblables à ceux que le gouvernement de Harper fait subir Premières Nations du Canada. D’après l’énonciateur, les discours politiques sur les Autochtones au Canada et en Australie sont des copies conformes.

II.2.5 Loi sur les Indiens /Politique d’Apartheid en Afrique du Sud

La LOI SUR LES INDIENS a instauré un système administratif et symbolique qui, rappelle-t-on, dans ce film Club Native, aurait même inspiré le régime d’APARTHEID Sud-africain.

_______________________t2010 Page 703c_______________________________

Cette séquence démontre qu’il existe une adéquation entre la politique d’Apartheid en Afrique du Sud et la loi sur les Indiens au Canada. Ces deux textes de loi sont fondés sur la discrimination et la ségrégation raciales.

II.2.6. Autochtones du Canada/Tibétains en Chine

Quant au TIBET, son urbanisation a été rapide, mais la majeure partie de la population autochtone habite dans des ghettos qui sont a peine plus vivables que des bidonvilles, sans aucun espoir d’obtenir un emploi décent, car ceux-ci sont monopolisés par des immigrés chinois.

_______________________t2008 Page 15a_______________________________

La condition des autochtones du Canada est semblable aussi à celle des Tibétains en Chine. Ce sont des populations qui vivent dans des conditions misérables et précaires, même si au Tibet l’urbanisation est exponentielle par rapport aux réserves autochtones.

II.2.7. Autochtones du Canada/Palestiniens

Au nom d’une terre proclamée sainte et revendiquée par l’occident chrétien par l’intermédiaire d’Israël, les puissances coloniales européennes ont envahi les Amériques et décimé les populations premières… et nous avons tous été PALESTINISÉS.

_______________________t2009 Page 192b_______________________________

L’occupation des terres autochtones au Canada est comparable ici à la colonisation juive en Palestine. Les colonies de peuplement qu’Israël crée en Cisjordanie et à Jérusalem-Est ressemblent étrangement aux manœuvres d’expropriation foncière dont sont victimes les premiers peuples du Canada.

 

CONCLUSION

Nous avons voulu à travers cet article élucider les mécanismes de dénomination et de comparaison qui sous-tendent le discours journalistique sur les populations autochtones dans la cyberpresse canadienne. Il ressort de nos analyses que pour nommer et même qualifier les autochtones, les énonciateurs utilisent trois modes de dénominations : La générique s’intéresse aux macro-ensembles autochtones. La spécifique circonscrit des ensembles ethniques ou tribaux. L’énonciatif identifie les sujets parlants et détermine l’orientation du discours dans un triple aspect élocutif, allocutif ou délocutif.

Quant à la comparaison, elle se déploie dans le corpus sous deux modalités : la comparaison logique et la comparaison figurative. La première est régie par des morphèmes grammaticaux que nous avons appelé des comparateurs. La seconde obéit aux procédés de transposition.

Mais notre analyse n’avait pas pour seule vocation l’étude quantitative et qualitative  des manifestations  de la dénomination et de la comparaison dans un corpus de presse dans le but de constituer une base de données thématiques. Au delà des mots, c’est l’identité, les préoccupations et les conditions de vie des «Autochtones» dont il est question, car derrière chaque dénomination, se cache un peuple, une histoire, une souffrance et un combat, bref un ensemble de représentations que le cinéaste (Desjardins, 2007) a condensées en images troublantes dans son documentaire. Le discours de presse sur les autochtones est donc un podium qui sert à verbaliser les blessures, les frustrations et les stéréotypes d’une communauté diverse,  «riche d’une histoire de près de 6000 ans» et qui, dépossédée de ses terres et confinée misérablement dans des réserves, tiers-mondisée, palestinisée, discriminée, stigmatisée et marginalisée au quotidien, résiste à toute les formes d’assimilation forcée.

D’après notre enquête, seul un chercheur aborde explicitement la problématique dans une recherche portant sur la relation entre Et pourtant, la matière est bien dense et riche en informations.

 

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